Léon Trotsky : Une mise au point

[18 juin 1933. Source Léon Trotsky, Œuvres 1, Mars 1933 -Juillet 1933. Institut Léon Trotsky, Paris 1978, pp. 221-222, voir des annotations là-bas]

L’Humanité du 18 juin a reproduit une dépêche de Moscou intitulée « Une manœuvre de l’aventurier Trotsky ». Quelle manœuvre ? Les lecteurs sont laissés dans le noir. Donnons-leur quelques explications.

1. Premièrement, fidèles à leurs méthodes, MM. les éditeurs de l‘Humanité ont falsifié la dépêche de Moscou. En fait elle a paru le même jour dans Le Temps, dont on connaît les excellentes relations avec Litvinov. Mais, selon Le Temps, on dit simplement qu’une « déclaration » supposée « de Trotsky ne correspond pas à la réalité ». I’Humanités ajouté ce qui suit : « … et est de toute évidence inspirée par le désir de l’aventurier d’égarer le lecteur, »

2. Mais de quelle déclaration de Trotsky parlent-ils ? Ils n’en disent rien. On suppose que c’est une déclaration faite à des journalistes turcs et reproduite dans Die Vossische Zeitung, un ancien journal libéral devenu hitlérien. Il y a pourtant d’autres déclarations du camarade Trotsky que MM. les rédacteurs de l’Humanité ne peuvent ignorer : celles qu’il a faites à un journaliste français et qui ont été reproduites dans Paris-Soir du 15 juin. Et qu’y lit-on ?

« Certains journaux prétendent que vous avez récemment reçu des agents venus de Moscou pour vous demander de revenir en Russie. »

Et Trotsky a répondu :

« Ce n’est pas vrai, et je sais quelle est la source de ce genre d’informations. Dans un article de moi, qui est paru dans la presse américaine il y a deux mois, je disais entre autres choses qu’étant donné la situation actuelle en Russie, je serais prêt à servir de nouveau contre tout danger, d’où qu’il vienne, qui menace le pays. »

C’est clair. Mais pourquoi l’agence Tass s’est-elle crue obligée, deux jours après la publication de cet interview, de publier une version fausse d’une déclaration qui n’a jamais été faite ? Peut-être pourrait-on en trouver une explication plausible en considérant les difficultés, Venant de ses propres partisans, qui assiègent Staline.

3. Il y a un mois environ, différents journaux ont lancé de nouvelles fantaisies sur une « réconciliation entre Staline et Trotsky ». Toute la presse a publié cela en France. Pourtant, pendant tout ce temps, MM. les rédacteurs de l‘Humanité n’ont pas dit un mot. La couardise et la servilité de cette bande dépasse tout éloge.


Kommentare

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert