Léon Trotsky : Lettre à Natalia Ivanovna Sédova

[Lev Davidovitch Trotsky, Natalia Ivanovna Sédova-Trotsky : Correspondance 1933-1938, p. 44-46, voir des annotations là-bas]

Le 12 septembre 1933

Nata, chérie, j’ai reçu aujourd’hui ta troisième lettre (recommandée), celle où tu insistes pour revenir ici entre le 15 et le 18. Je ne sais que dire. Tu donnes des arguments sérieux; d’autre part, je crains que tu ne trouves pas bientôt une seconde occasion. Notre médecin part d’ici le 16. Si tu veux le rencontrer, il faut que d’ici là tu sois déjà rentrée. Mais cela seulement au cas où de toute façon tu te déciderais à ne pas rester là-bas jusqu’à la fin du mois. Le docteur fait tout ce qu’il peut, mais il ne peut pas faire plus que ce qu’avaient fait Guétier, Aleksandrov et les professeurs allemands. J’ai les mêmes symptômes que dans les années 1923-1926, lesquels, si ma mémoire ne me trompe pas, avaient complètement disparu au cours des années 1927-1933. Selon un accord que j’ai fait avec le docteur, je veux passer trois jours de repos complet, sans avoir de rendez-vous, d’entretiens, sans dicter, etc. N’allez pas penser, je vous en prie, Natalotchka, que mon état soit « mauvais », mais la température se fait sentir de temps en temps ; il faut avoir recours à ce moyen décisif, dont nous avons parlé ensemble, c’est-à-dire au repos absolu. Aujourd’hui, un Américain est venu me voir, un sympathisant; il était venu nous voir l’année dernière avec un autre, Solow… Nous avons parlé pendant trois heures. Ce soir Gourbil va venir, je crois. Mais après cela, c’est fini. À partir de demain matin, repos.

Jeanne et Véra sont très attentionnées envers moi, je n’ai besoin de rien et je ne ressens aucune incommodité… Il y a seulement que vous n’êtes pas ici, Natalotchka; mais toujours, quand je suis triste sans vous, je me console en pensant que tu te reposes et que tu retrouves un peu tes forces… Naville a passé deux jours ici, nous avons parlé et discuté pas mal, mais nous nous sommes séparés bons amis ; il est devenu, à mon avis, bien mieux. Dis à Denise que j’ai été très content de voir Naville et que je suis resté satisfait des résultats de l’entretien… J’ai parlé au docteur de l’hypothèse de S. Konst. selon laquelle chez moi la transpiration et les autres choses viendraient des nerfs. Évidemment les « nerfs » font monter la température et « mettent en sueur ». Mais il doit malgré tout y avoir un processus organique ; les nerfs seuls ne donnent pas de température, c’était là l’opinion commune de tous les médecins, à Moscou comme à Berlin…

Bonjour, Natalotchka, cette lettre n’est pas partie hier, il était trop tard, elle va partir ce matin. J’ai pris de l’Adalin, j’ai bien dormi, je me suis reposé ; aujourd’hui je vais rester allongé et lire… Porte-toi bien, Natalotchka, je t’embrasse bien fort.

Ton

L.


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