Léon Trotsky : Lettre à Natalia Ivanovna Sédova

[15-16 septembre 1933. Lev Davidovitch Trotsky, Natalia Ivanovna Sédova-Trotsky : Correspondance 1933-1938, pp. 52-53, voir des annotations là-bas]

[Le 15 septembre 1933]

Natalotchka chérie, j’ai reçu aujourd’hui ta lettre du 12 septembre] (la quatrième), avec l‘ « entretien » de S. K. sur la nécessité pour toi d’aller passer quinze jours en Normandie. Je t’ai envoyé un télégramme sur mon état : bien mieux. J’ai complètement émigré dans ta chambre et maintenant (huit heures du soir), j’écris sur la petite table près du lit, du côté où je dors. Depuis trois jours je reste allongé (habillé) [pendant la journée], je lis, je somnole, je ne sors que pour donner à manger aux chiens, mais, même là, tout est préparé pour moi par Jeanne, Véra, Craipeau. Le 13, la température la plus élevée le soir a été 37° ; le 14, 36,8 ; aujourd’hui, le 15, c’est 36,6 ; j’ai cessé de transpirer ; l’appétit est bon ; on me nourrit d’une manière raffinée (elles sont toutes les deux très habiles et font montre de leur art). Par la peau de mon ventre, le docteur a établi que j’ai beaucoup maigri et exige que je reprenne du poids, il recommande des plats farineux, etc. ; cela, dit-il, est nécessaire pour augmenter la résistance de l’organisme. Je mange beaucoup de fruits, le d[octeu]r m’a permis des pêches et des poires… Les injections d’arsenic et de strychnine se terminent (demain, c’est, je crois, la dernière). En un mot, tout va bien. Il faudra seulement que je me remette progressivement au travail, avec des interruptions pour le repos.

Le 16 septembre. Aujourd’hui, ce n’est pas un très bon jour pour moi; non pas en ce qui concerne la température, la transpiration, etc. (rien de tout cela) ; c’est plutôt un état de malaria; j’ai dormi plus mal; j’avais un léger mal de tête ; maintenant, ça va mieux. Je ne me force pas du tout à travailler, je suis resté allongé presque toute la journée, en partie dans ta chambre, en partie dans le jardin. Le docteur s’apprête à partir. Il a déjà passé douze jours ici.

Le courrier va partir. Je t’embrasse bien fort, bien fort, Natalotchka, porte-toi bien, remets-toi, reprends des forces.

Cette lettre te trouvera déjà en Normandie, évidemment.

À toi, à toi bien fort, Natalotchka.

L.


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